L’avis du Dr Laurence PLUMEY.
Médecin Nutritionniste :
« Le lait de vache en contient environ 115 à 120mg de calcium. En somme un bol de 200 à 250 ml en apporte entre 240 et 300mg de calcium soit 30% du besoin quotidien en calcium des enfants de 4 à 10 ans (800mg/jour) et 25% de celui des enfants et adolescents de 11 à 17 ans (1200mg/jour). C’est donc un apport important ! Ce calcium issu du lait est placé dans des conditions idéales pour être utilisé au mieux par les os et autres organes ; en effet, son coefficient d’absorption intestinal est idéalement de 40% (vs 30 à 35% quand il vient du règne végétal), car il cohabite avec les protéines et le lactose du lait qui facilitent son absorption intestinale. C’est ce que l’on appelle l’effet matrice.
Le lait, le calcium et l’os : un enjeu important pour les jeunes !
Durant la période de croissance, et particulièrement au moment de la puberté puis de l’adolescence, le capital calcique osseux se constitue. En effet, le capital calcique osseux d’un enfant à la naissance un enfant n’est que de 30g alors qu’il est d’environ 1 kilo vers l’âge de 17-18 ans. Ainsi durant ses 18 premières années de vie, l’enfant puis l’adolescent va déposer progressivement du calcium dans ses os pour les rendre plus solides. Il va donc déposer les 500 premiers grammes entre l’âge de 4 et 10 ans – puis les 500 autres grammes entre 11 et 17-18 ans. Encore faut-il qu’il ait des apports calciques suffisants tous les jours durant cette période via son alimentation – et également un taux suffisant de vitamine D dans son sang pour bien le fixer au niveau des os. Raison pour laquelle le lait et les produits laitiers sont si importants durant cette période. L’enfant et l’adolescent ont besoin de 3 produits laitiers par jour, dont une consommation suffisante de lait !
Le petit déjeuner : une occasion rêvée de boire du lait
Les enfants aiment boire du lait le matin au petit déjeuner. Mais attention, ils sont moins nombreux à en boire : en 2016, ils étaient 69% à boire du lait (enfants de 3 à 11 ans), mais en 2019, ils sont 65%. Quant aux adolescents de 12 à 17 ans, ils étaient 61% à boire du lait en 2016 et ils sont passés à 52% en 2019. L’apport calcique moyen est de 350 à 400mg de calcium quand ils boivent du lait. Et quand ils n’en boivent pas, cet apport chute à 100mg de calcium. Ils ne compensent donc pas par un autre produit laitier. C’est une perte sèche en matière d’apport calcique.
Les enfants ont des apports calciques trop souvent insuffisants…
C’est ainsi que, selon les dernières données de consommation INCA 3, les enfants de 4 à 17 ans consomment en moyenne 100ml de lait par jour, ce qui est insuffisant et les expose au manque d’apport calcique. Celui-ci est d’ailleurs confirmé par cette même étude INCA 3 qui montre que 38% des enfants de 7 à 10 ans ne couvrent pas les apports recommandés en calcium (dont 48% de filles) – et qu’entre 11 et 17 ans, ils sont alors 77% à manquer de calcium (dont 85% de filles) !
Quid en cas d’apport calcique insuffisant ? La sanction est immédiate : une baisse du capital calcique s’installe rapidement. Celle-ci se produit très vite – mais elle peut très vite se corriger également si l’enfant se remet à boire du lait. En revanche, si l’enfant a manqué de lait et de produits laitiers pendant toute son enfance, les dommages sont irréversibles, car la capacité de capitalisation n’est plus du tout aussi efficace à l’âge adulte. Ainsi, non seulement ces enfants et adolescents ont des os plus fragiles, mais ils sont également prédestinés à développer, à partir de 50 ans, une ostéoporose plus précoce et plus sévère avec un fort risque fracturaire.
L’ostéoporose : une maladie pédiatrique
Véritable problème de Santé Publique, l’ostéoporose est la maladie du siècle des centenaires et des petits consommateurs de produits laitiers. Certes, il s’agit d’un vieillissement inéluctable de l’os, mais celui-ci est accéléré sous l’effet de nombreux facteurs de risque : ménopause (arrêt de fabrication des œstrogènes qui favorisent la synthèse osseuse) surtout si elle est précoce, traitements répétés par corticoïdes, sédentarité et carence d’apport calcique surtout quand celle-ci s’est produite pendant l’enfance aboutissant à un faible niveau de capital calcique. Raison pour laquelle on dit que l’ostéoporose est une maladie pédiatrique.
En somme, pour réduire le risque fracturaire lié à l’ostéoporose, il faut boire du lait et manger des produits laitiers durant toute sa vie et surtout pendant l’enfance et l’adolescence. D’ailleurs certaines études ont montré que la DMO (Densité Minérale Osseuse) après la ménopause était corrélée significativement à la consommation de lait pendant l’enfance et l’adolescence. Cet effet est dû non seulement au calcium, mais aussi aux protéines du lait.
L’ostéoporose en quelques chiffres …
Dans le Monde, il y a 9 millions de fractures ostéoporotiques par an soit une fracture toutes les 3 secondes. Une femme sur 3 et un homme sur cinq de plus de 50 ans auront des fractures dues à l’ostéoporose. Près de 75% des fractures de la hanche, du rachis et du poignet surviennent chez des patients âgés de 65 ans et plus. Une femme de 65 ans ayant eu une fracture vertébrale à 1 risque sur 4 d’avoir une autre fracture dans les 5 ans qui suivent.
Le risque de décès est de 25% dans l’année qui suit une fracture de hanche chez une femme de plus de 70 ans !
Donc, si on ne veut pas que nos vertèbres ressemblent trop tôt à des éponges fragiles, buvons du lait et ce dès notre plus jeune âge ! »